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scuny

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Tout ce qui a été posté par scuny

  1. bingo pour julkien qui gagne une tringle a rideau...
  2. qu'est ce qu'une merouille??????????????? attention y'a un gars hors jeu.....................il se reconnaitra.
  3. erreur rubrique post dans software
  4. précise ou tu la veux!!!! ce genre de demande peux preter a confusion
  5. pas de pb a l'horrizon (si je puis dire ainsi) mais y'en 1 dans un certain topic qui voulait me nommer vrp du.....................
  6. en plus, elle est peut être aux chaussettes!!!!!!!!!!! mais, il faut quand même avouer que les nouveaux brillent par leur absence. va finir en talc ce topic!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
  7. bon j'arrête la culture. y'a des dommages collatéraux. voir la http://forum.zebulon.fr/index.php?showtopic=66993
  8. gouterait bien celle au chaussette moi!
  9. hello pour toute arrivée sur zeb voir ma signature.
  10. pourquoi ? il crèche dans un train ?
  11. salut et si jamais l'envie de changer de pseudo te prenait c'est la
  12. le niveau baisse le moral de douds remonte donc ---------------------------- KANT (1724-1804) Un résumé de la lumineuse introduction de G. Pascal (Bordas) -------------------------------------------------------------------------------- L'IDEE CRITIQUE LES INTENTIONS - Le problème : Pourquoi la Métaphysique (qui traite de l'existence de Dieu, de l'immortalité de l'âme, de la liberté de l'homme dans le monde, etc.) ne présente-t-elle pas le même degré de certitude que la Logique, les Mathématiques ou la Physique ? - La critique : examen qui a pour fin de distinguer ce que la raison peut faire et ce qu'elle est incapable de faire. - de la raison pure : parce que l'intention de Kant est seulement de se prononcer sur la valeur des connaissances purement rationnelles comme doivent être celles de la Métaphysique (raison spéculative). - de la raison pratique : raison considérée comme principe de nos actions. - du jugement : raison considérée comme la source de nos jugements esthétiques et téléologiques. LA REVOLUTION COPERNICIENNE - En réfléchissant sur la manière dont les Mathématiques et la Physique sont parvenues à des certitudes a priori, on découvrira les possibilités de la raison. - a priori : ce qui est donné avant toute expérience. - Le changement de méthode consiste à chercher à déterminer l'objet d'après les exigences de la raison au lieu de poser l'objet comme une réalité donnée devant laquelle la raison ne pourrait que s'incliner. Notre connaissance des objets dépend du sujet connaissant au moins autant que de l'objet connu. - La révolution copernicienne, c'est la substitution dans la théorie de la connaissance d'une hypothèse idéaliste à l'hypothèse réaliste. * Le réalisme admet qu'une réalité nous est donnée, qu'elle soit d'ordre sensible pour les empiristes, ou d'ordre intelligible pour les rationalistes, sur laquelle doit se modeler notre connaissance. * L'idéalisme suppose, au contraire, que l'esprit intervient activement dans l'élaboration de la connaissance et que le réel est pour nous une construction. L'objet, tel que nous le connaissons, est en partie notre oeuvre et par suite nous pouvons connaître a priori de tout objet les caractères qu'il tiendra de notre propre faculté de connaître : " nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes ". L'IDEALISME TRANSCENDANTAL - Deux sortes d'éléments dans notre connaissance des objets : * ceux qui dépendent de l'objet lui-même et constituent la matière de la connaissance. La matière est a posteriori (elle dépend de l'objet). * ceux qui dépendent du sujet et qui constituent la forme de la connaissance. La forme est a priori (elle est imposée à l'objet). - Connaître c'est mettre en forme une matière donnée. - Est a priori toute proposition universelle et nécessaire (une proposition contraire serait impossible). exemples : les propositions des Mathématiques, " tout ce qui arrive a une cause ", l'espace, la substance, etc. - Un jugement est analytique lorsqu'il se contente d'expliciter un nouveau concept, d'analyser son contenu sans faire appel à un élément nouveau (le prédicat est extrait du sujet par simple analyse). Ex : tous les corps sont étendus (Cf. le morceau de cire de Descartes). Les jugements analytiques sont a priori car il n'est besoin d'aucun recours à l'expérience pour déterminer ce que je pense dans un concept donné. - Est synthétique, au contraire, un jugement dans lequel le prédicat ajoute quelque chose au concept du sujet (véritable synthèse entre prédicat et sujet). Ex : tous les corps sont pesants. Tout jugement d'expérience est synthétique puisque l'expérience nous apprend à ajouter certains caractères à nos concepts. - La grande découverte de Kant, celle qui donne toute sa portée à sa révolution copernicienne, c'est qu'il existe une troisième sorte de jugements, les jugements synthétiques a priori. Ils sont universels et nécessaires et nous permettent d'étendre nos connaissances. Les connaissances synthétiques a priori sont des connaissances qui ne sont pas tirées de l'expérience et auxquelles pourtant l'expérience doit être conforme. - Les connaissances des Mathématiques et de la Physique sont des jugements synthétiques a priori. Celles de la Métaphysique des jugements analytiques. CONSEQUENCES - La Critique de la raison pure est un inventaire des formes a priori, c'est à dire des cadres universels et nécessaires à travers lesquels l'esprit humain saisit le monde. Ce sont comme des lunettes sans lesquelles nous ne pourrions rien voir. - il faut distinguer dans notre faculté de connaître : * une réceptivité, la Sensibilité ou faculté des intuitions. * une spontanéité, l'Entendement ou faculté des concepts. - L'objet, donné à la sensibilité dans les intuitions sensibles, est pensé par l'entendement et ses concepts. Connaître consiste à lier en des concepts la diversité sensible. - Il y a des formes a priori de la sensibilité comme de l'entendement. - Les formes a priori de la sensibilité ou intuitions pures sont l'espace et le temps. L'espace est la forme du sens externe, et le temps la forme du sens interne : nous percevons nécessairement les choses dans l'espace et nos états d'âme dans le temps. - Les formes a priori de l'entendement ou concepts purs sont les catégories, façons propres à l'esprit humain de concevoir les choses, c'est à dire d'ordonner le divers donné dans l'intuition. Ex : substance, causalité. - Dans le monde sensible, nous ne saisissons jamais que des relations, puisque connaître c'est lier ; mais l'esprit aspire à l'absolu, à l'inconditionné, qui achèverait la série des conditions. - On peut appeler raison l'entendement en tant qu'il prétend saisir l'inconditionné, et idées les concepts auxquels on aboutit dans cette recherche. L'entendement est constitutif car ses concepts donnent sa forme à l'expérience. La raison est régulatrice car ses idées orientent la démarche de la pensée vers l'absolu. - Ainsi le monde considéré comme un tout, l'âme considérée comme une substance existant en elle-même et Dieu, substance des substances et cause des causes sont des idées de la raison. - Mais puisque les catégories n'ont d'autre contenu que celui qui leur est donné par les intuitions sensibles, cet usage suprasensible qu'en fait la raison est illégitime. - Une connaissance est transcendantale lorsqu'elle concerne notre façon de connaître a priori les objets. Est transcendantal ce par quoi une connaissance a priori est possible. Un principe transcendantal est au-delà de toute expérience mais ne peut avoir qu'un usage immanent, c'est à dire en relation avec les objets de l'expérience. Le transcendantal désigne donc la connaissance de ce qu'on trouve dans l'expérience et qui pourtant n'y est pas. Le transcendantal est déterminant par rapport à l'expérience et non déterminée par elle. Il constitue les conditions de possibilités de toute expérience, ce sans quoi elle serait impossible, ce sans quoi elle ne serait pas. - Le terme de transcendantal est pleinement caractéristique de la philosophie kantienne qui est précisément un effort pour découvrir dans la pensée des éléments constitutifs de l'expérience, des moyens de saisir et d'ordonner le réel. L'idéalisme transcendantal est la doctrine pour laquelle tout objet de connaissance est déterminé a priori par la nature même de notre faculté de connaître. - " Toute connaissance des choses, tirée uniquement de l'entendement pur ou de la raison pure, n'est qu'illusion ; il n'y a de vérité que dans l'expérience " (Prolégomènes, p. 171). - A l'empirisme, Kant accorde qu'il n'y a de connaissance qu'à partir de l'expérience. Toutefois les intuitions sensibles ne suffisent pas à nous faire connaître quoi que ce soit ; par elles-mêmes elles sont informes et il faut qu'elles soient ordonnées par les concepts de l'entendement. - Au rationalisme, il accorde que la raison est par elle-même source de connaissances, puisqu'il y a des jugements synthétiques a priori, mais contre le rationalisme classique il soutient que la raison ne peut atteindre d'autres réalités que les réalités sensibles ; connaître, c'est connaître quelque chose ; hors des objets du monde, nos concepts ne saisissent rien. - Les phénomènes, ce sont les choses telles que nous les connaissons. Les noumènes, ce sont les choses en soi, telles qu'elles sont indépendamment de la connaissance que nous en avons. - S'il n'y a pour nous de connaissance que du monde phénoménal, du moins cette connaissance est-elle certaine et nous laisse-t-elle libres de penser du monde nouménal ce que les exigences de la raison pratique nous obligeront à penser. L'ESTHETIQUE TRANSCENDANTALE DEFINITIONS - Sensibilité : faculté des intuitions ou réceptivité des impressions (en fait : capacité de recevoir des représentations). - Intuition : " vue directe et immédiate d'un objet de la pensée actuellement présent à l'esprit et saisi dans sa réalité individuelle " (Lalande). Il n'y a que des intuitions sensibles et point d'intuitions intellectuelles du moins pour l'homme. - Entendement : ne peut penser que les objets fournis par la sensibilité, c'est une spontanéité, c'est à dire la faculté de produire des représentations, les concepts. - Intuition empirique : l'intuition qui se rapporte à son objet par le moyen de la sensation. Le phénomène est l'objet de l'intuition empirique. La matière de tout phénomène (la sensation) ne nous est donnée qu'a posteriori, sa forme (son ordonnancement) doit être dans l'esprit toute prête à s'appliquer a priori à toute sensation, on peut donc la considérer indépendamment de toute sensation. - Intuitions pures : formes a priori de la sensibilité (ex : l'étendue et la figure). On peut les ramener à deux : l'Espace et le Temps. - L'espace : forme du sens " extérieur ", propriété qu'à notre esprit de nous représenter des objets comme étant hors de nous. C'est par des rapports spatiaux que l'on se représente les objets extérieurs. - Le temps : forme du sens " intime ", propriété qu'à l'esprit de se percevoir lui-même intuitivement ou plus exactement de percevoir ses états intérieurs. C'est par des rapports temporels que l'on se représente les rapports internes. - " Le temps ne peut pas être perçu extérieurement, pas plus que l'espace ne peut l'être comme quelque chose en nous ". L'ESPACE - Kant affirme que l'espace ne peut être un concept formé à partir de l'expérience extérieure puisque toute expérience extérieure, au contraire, suppose l'espace. - L'espace est a priori, puisque sa représentation est la condition même de la possibilité des phénomènes. - L'espace n'est pas un concept, il ne peut être qu'une intuition parce qu'il contient en soi une multitude infinie de représentations (ex: division infinie de tout partie d'espace), ce que ne peut faire un concept qui est seulement la représentation du caractère commun d'une multitude infinie de représentations possibles. - S'il est une intuition pure, * l'espace n'existe dans les choses qu'autant qu'on les perçoit; il n'a pas de réalité en soi. * on ne peut parler d'espace et d'êtres étendus qu'au point de vue de l'homme, mais en revanche, pour l'homme, il n'y a d'objets perçus que dans l'espace. - L'espace n'est pas la condition de possibilité des choses en soi, mais seulement la condition de leur manifestation à notre esprit. LE TEMPS - Le temps est une représentation nécessaire qui sert de fondement à toutes les intuitions. Tout passe dans le temps, mais le temps ne passe pas. Le temps est donc donné a priori. - Il y a une sorte de primauté du temps car les objets nous apparaissent dans l'espace mais toute prise de conscience de ces objets se situe dans le temps. Pour Kant tout phénomène est temporel sans être forcément spatial (Cf. le schématisme). - Le temps est une condition a priori de tous les phénomènes en général, la condition immédiate des phénomènes intérieurs (de notre âme), la condition médiate des phénomènes extérieurs. - La seule réalité du temps, c'est d'être une condition subjective de la perception des phénomènes. CONSEQUENCES - Nous ne connaissons des objets que la manière dont nous les percevons ; et cette manière, qui nous est propre, peut fort bien n'être pas nécessaire pour tous les êtres, bien qu'elle le soit pour tous les hommes. Nous n'avons affaire qu'à elle. L'espace et le temps en sont les formes pures ; la sensation en est la matière générale. - Tous les progrès de l'expérience ne nous permettront jamais de sortir des limites de l'expérience. Tout ce qui nous est donné sera toujours relatif à nous-mêmes. - L'intuition du moi est soumise à une condition subjective, tout comme l'intuition du monde. C'est dans le temps que l'esprit s'apparaît à lui-même, et il ne peut ainsi jamais saisir que son histoire et non son être. Nous ne nous saisissons jamais que comme des phénomènes - Le phénomène n'est pas une apparence, c'est à dire un semblant. Il a une réalité qu'il faut chercher dans le rapport de l'objet au sujet et non dans l'objet lui-même. L'idéalisme transcendantal ou critique se distingue par là de l'idéalisme absolu qui réduit les corps à une pure apparence. L'ANALYTIQUE TRANSCENDANTALE DEFINITIONS - La science des règles de l'entendement en général est la Logique. La Logique transcendantale est une logique des formes de l'entendement en tant qu'elles sont constitutives de l'expérience. Elle se divise, comme la Logique d'Aristote, en une Analytique et une Dialectique. - Analytique : Logique de la vérité. - Dialectique : Logique de l'apparence. L'ANALYTIQUE DES CONCEPTS - L'analytique des concepts ne consiste nullement en une analyse des concepts eux-mêmes, mais plutôt en une analyse de la faculté de former des concepts, c'est à dire de l'entendement. Il s'agit de dresser une table complète des concepts purs à partir desquels l'entendement forme tous ses concepts. - Tous les actes de l'entendement se ramènent à des jugements : " fonctions qui consistent à ramener nos représentations à l'unité, en substituant à une représentation immédiate une représentation plus élevée qui contient la première avec beaucoup d'autres, et qui sert à la connaissance de l'objet, de sorte que beaucoup de connaissances possibles se trouvent réunies en une seule. (...). L'entendement en général peut-être représenté comme une faculté de juger " (Critique de la Raison pure, T.P., pp. 87-88). Voir tableau. - Penser, c'est juger, c'est à dire établir des relations entre des représentations, les ramener à l'unité. - Kant appelle concepts purs de l'entendement ou catégories ces formes qui imposent à l'intuition l'unité que l'on retrouve dans les jugements. A chaque forme logique du jugement correspond une catégorie : voir tableau. - De ces concepts primitifs, il est aisé de tirer des concepts dérivés, également purs. Par exemple, de la catégorie de la causalité dérivent les concepts de force, d'action, de passion, etc. LA DEDUCTION TRANSCENDANTALE DES CATEGORIES - Comment se fait-il que l'intuition sensible accepte ces formes a priori ? Nous pourrions vivre dans un monde absurde ; les phénomènes donnés dans l'intuition pourraient fort bien ne pas se plier à ces conditions a priori qu'exige notre pensée. Kant appelle déduction transcendantale la démonstration qui établit que les objets connus dans l'expérience sont nécessairement conformes à des formes a priori, que ces formes ne sont pas déduites empiriquement, qu'elles ont une légitimité de droit et non de fait. - Toute liaison est un acte d'entendement, car les données sensibles par elles-mêmes sont pure diversité. On peut appeler synthèse l'acte par lequel l'entendement opère une liaison dans une diversité donnée, et il en résulte que toute analyse suppose une synthèse préalable : l'entendement ne peut séparer que ce qu'il a d'abord lié. Mais le concept de liaison implique le concept d'unité ; on ne peut concevoir une liaison d'éléments divers que si cette diversité est conçue comme une unité. " La liaison est la représentation de l'unité synthétique de la diversité " (Critique de la Raison pure, T.P.,p. 109). - Cette unité, que suppose toute liaison, est celle du je pense, c'est à dire l'unité de la conscience qui accompagne toutes mes représentations. - Cette unité de la conscience, nous la constatons ; elle est analytique ; sa formule est : je pense tout ce que je pense. Kant appelle aperception pure ou aperception originaire cette représentation : je pense. Il dit encore qu'il y a unité transcendantale de la conscience de soi pour indiquer la possibilité de la connaissance a priori qui en dérive. - Pour qu'il y ait une conscience unique de soi, il faut que les diverses représentations soient unies les unes aux autres et qu'il y ait conscience de leur synthèse. L'unité du je pense qui doit accompagner toutes mes représentations, n'est donc possible que par la synthèse des éléments divers donnés dans l'intuition, c'est-à-dire par le passage par les catégories et par l'aperception pure. - " C'est uniquement parce que je puis saisir en une conscience la diversité de ces représentations que je les appelle toutes mes représentations ; autrement le moi serait aussi bigarré que les représentations dont j'ai conscience " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 111). - Quoi que je pense, c'est moi qui le pense, et je ne puis me retrouver le même dans toutes mes représentations - " m'y retrouver " comme dit le langage commun - que parce que j'opère une synthèse qui ramène à l'unité la diversité de mes représentations. Cette synthèse est la fonction propre de l'entendement, " dont tout le pouvoir consiste dans la pensée, c'est à dire dans l'acte de ramener à l'unité de l'aperception la synthèse de la diversité donnée d'ailleurs dans l'intuition " (Critique de la Raison pure,T.P., p.123). - Concevoir un objet, c'est ramener à l'unité et à l'identité la multiplicité et la diversité des apparences. " Un objet est ce dont le concept réunit les éléments divers d'une intuition donnée " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 115). Or toute synthèse de représentations suppose l'unité de la conscience dans cette synthèse, puisque toutes ces représentations sont miennes. - L'unité synthétique de la conscience est donc la condition objective de toute connaissance ; c'est elle qui lie une diversité intuitive pour en faire un tout, un objet. - L'unité transcendantale de l'aperception réunit dans le concept d'un objet tout le divers donné dans une intuition et ainsi a une valeur objective. Cet acte qui ramène des connaissances données à l'unité de l'aperception est le jugement. - L'association des idées me permet de dire : quand je porte un corps, je sens une impression de pesanteur (unité subjective) ; le jugement dit : les corps sont pesants (unité objective). Il faut, en effet, donner toute sa valeur à la copule est, dans le jugement. Quand je dis est, je ne pose pas seulement une détermination de mon sens intime, mais une détermination de la réalité, de l'être. - Le jugement est donc constitutif de l'objet et, en même temps, il permet l'unité de la conscience ; c'est en saisissant l'objet que je me saisis comme sujet. Il n'y a d'objet et de sujet que par le jugement, et la fonction logique du jugement est l'acte par lequel les représentations sont liées et ramenées à l'unité de l'aperception. - Résumé de la déduction transcendantale des catégories : " La diversité donnée dans une intuition sensible rentre nécessairement sous l'unité synthétique originaire de l'aperception, puisque l'unité de l'intuition n'est possible que par elle. Or l'acte de l'entendement par lequel le divers de représentations données (que ce soit des intuitions ou des concepts) est ramené à une aperception en général est la fonction logique des jugements. Toute diversité, en tant qu'elle est donnée dans une intuition empirique, est donc déterminée par rapport à l'une des fonctions logiques du jugement, et c'est par celle-ci qu'elle est ramenée à l'unité de conscience en général. Or les catégories ne sont pas autre chose que ces mêmes fonctions du jugement, en tant que la diversité d'une intuition donnée est déterminée par rapport à ces fonctions. Ce qu'il y a de divers dans une intuition est donc nécessairement soumis à des catégories " (Critique de la Raison pure, T.P., pp. 120-121). - Sans les catégories, il n'y aurait ni pensé, ni pensant, ni objet, ni sujet ; c'est par elles que le moi et le monde sont étroitement liés. - " La catégorie n'a d'autre usage dans la connaissance des choses que de s'appliquer à des objets d'expérience " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 124). - " Penser un objet et connaître un objet, ce n'est donc pas une seule et même chose. La connaissance suppose en effet deux éléments : d'abord le concept, par lequel, en général, un objet est pensé (la catégorie), et ensuite, l'intuition par laquelle il est donné " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 124). - Un concept auquel ne correspond aucune intuition est bien une pensée, mais non une connaissance. Je puis penser ce que je veux, à la seule condition que ma pensée n'enferme aucune contradiction, mais je ne puis connaître que ce qui m'est donné dans l'intuition. Et, comme le seul mode d'intuition, pour l'homme, est l'intuition sensible, il en résulte que nous ne pouvons rien connaître au-delà de l'expérience. - L'esprit est comme un oeil dont les lunettes seraient les formes a priori; l'oeil ne voit rien qu'à travers ses lunettes ; sans les lunettes il est aveugle, mais les lunettes ne lui servent qu'à voir ce qui leur est extérieur. - Nous ne pouvons saisir notre moi que comme phénomène et non dans ce qu'il est en soi. Le moi empirique est donné dans l'intuition ; la représentation du je pense, au contraire, est une pensée et non une intuition. Le moi pensant ne peut connaître que ses oeuvres, qui sont des pensées. J'ai conscience que je suis, mais je ne me connais que connaissant quelque chose. La conscience de soi-même est bien loin d'être une connaissance de soi-même. - L'esprit est législateur de la nature car " les catégories sont des concepts qui prescrivent a priori des lois aux phénomènes, par conséquent à la nature considérée comme l'ensemble de tous les phénomènes " (Critique de la Raison pure, p. 172). L'ANALYTIQUE DES PRINCIPES - L'Analytique des principes, qui succède à l'Analytique des concepts, a pour but de montrer comment s'appliquent à l'expérience les principes de l'entendement. Comme le jugement est l'opération qui consiste à subsumer sous des règles, c'est à dire à saisir un objet d'intuition comme cas particulier d'un concept, l'Analytique des principes sera une Doctrine transcendantale du jugement. - Ce qui rend le schématisme nécessaire, c'est l'hétérogénéité des intuitions empiriques et des concepts purs de l'entendement. Comment des intuitions peuvent-elles être subsumées sous des concepts qui ne sauraient jamais se trouver eux-même dans quelque intuition ? " Il est évident qu'il doit y avoir un troisième terme qui soit homogène, d'un côté à la catégorie, et de l'autre au phénomène, et qui rende possible l'application de la première au second. Cette représentation intermédiaire doit être pure (sans aucun élément empirique) et pourtant il faut qu'elle soit d'un côté intellectuelle, et de l'autre sensible. Tel est le schème transcendantal " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 151). - Le schématisme répond à la nécessité de trouver une médiation. Cette médiation, Kant l'a trouvée dans le temps, qui d'une part est universel et a priori, et d'autre part, se retrouve dans toute représentation empirique. Puisque la diversité sensible nous est donnée dans le temps, toute application des catégories au sensible sera d'abord une détermination du temps. Voir tableau. - L'imagination considérée comme une spontanéité, c'est à dire en tant qu'imagination productrice distinguée de l'imagination reproductrice, sera la faculté, intermédiaire entre la sensibilité et l'entendement, de produire ces déterminations (de temps). - C'est dans l'intuition du temps que l'imagination trace a priori des cadres où peuvent entrer des phénomènes et qui indiquent la catégorie sous laquelle ils doivent être rangés. Ces cadres, ces déterminations du temps sont les schèmes transcendantaux qu'il ne faut pas confondre avec de simples images ni des résumés d'images. Le schème est une régle pour la production d'image. " C'est cette représentation d'un procédé général de l'imagination, servant à procurer à un concept son image, que j'appelle le schème de ce concept " (Critique de la Raison pure, T.P., p.152). - Principes de l'entendement ou principes a priori : propositions qui ne dérivent pas de l'expérience et auxquelles cependant toute expérience doit être conforme, sous peine de n'être rien pour nous que nous puissions connaître. Les principes ne sont autre chose que les règles de l'usage objectif des catégories. Voir tableau. - Précision sur les analogies de l'expérience : elles ont un principe général : " L'expérience n'est possible que par la représentation d'une liaison nécessaire des perceptions ". Les analogies ne sont que des règles qui déterminent les rapports entre les phénomènes dans un temps et les ramènent ainsi à l'unité nécessaire de l'aperception. Les analogies énoncent trois principes réglant les rapports chronologiques des phénomènes, rendant l'expérience possible : a) Principe de permanence de la substance : " la substance persiste au milieu du changement de tous les phénomènes, et sa quantité n'augmente ni ne diminue dans la nature ".Le changement concerne les accidents, non les substances. Le durable ou permanent est la condition même de notre percéption du changement. Aussi est-il impossible qu'une existence apparaisse ou disparaisse absolument, car on ne peut percevoir un temps vide comme devrait être le moment où la chose ne serait pas encore ou bien ne serait plus. Chaque instant fait paraître quelque chose de nouveau, mais ne crée rien. b) Principe de succesion dans le temps selon la loi de la causalité : " tous les changements arrivent selon la loi de la liaison et des causes ". Notre appréhension des phénomènes est toujours successive. Si je perçois une maison, c'est une partie après l'autre ; mais personne ne pense que dans la maison les éléments divers soient succesifs. En d'autres termes, il faut distinguer la succession de nos représentations et l'ordre des phénomènes.Ce n'est pas la simple perception, c'est à dire l'expérience, qui peut nous faire connaître le rapport objectif des phénomènes. C'est au contraire le concept a priori du rapport de la cause et de l'effet qui seul peut donner à l'expérience l'unité objective, nous faire saisir un ordre réel. Par la causalité nous saisissons dans le changement une suite non quelconque, mais nécessaire ; elle rend nécessaire, dans la perception de ce qui arrive, l'ordre des perceptions successives. Connaître, c'est toujours connaître par les causes ; comprendre un phénomène, c'est le saisir comme suite nécessaire d'un autre. La causalité est la condition même de l'expérience, la forme a priori qui en établissant une liaison nécessaire dans la succession subjective de mes représentations, me permet de les rapporter à une réalité objective. c) Principe de la simultanéité suivant la loi de l'action réciproque ou de la communauté : " Toutes les substances, en tant qu'elles peuvent être perçues comme simultanées dans l'espace, sont dans une action réciproque universelle ". Si je ne concevais pas une liaison nécessaire entre A et B telle que A détermine B à sa place dans le temps et B à sont tour détermine A, je ne pourrais pas dire que A et B existent simultanément, mais seulement que tantôt ma perception de A suit celle de B, et tantôt ma perception de B suit celle de A. Sans le principe de la communauté, il n'y aurait pas d'expérience objective. - La nature, c'est l'enchaînement des phénomènes, quant à leur existence, selon des règles nécessaires, c'est à dire selon des lois. - Réfutation (avec le deuxième postulat de la pensée empirique) de l'idéalisme problématique de Descartes. L'expérience interne n'est elle-même possible que sous la condition de l'expérience extérieure (que Descartes ne veut pas considérer car elle n'est pas aussi certaine que le cogito). 1) J'ai conscience de mon existence comme déterminée dans le temps. 2) Toute détermination du temps suppose quelque chose de permanent dans la perception. Le temps ne pouvant être perçu en lui-même, il faut donc quelque chose de réel par rapport à quoi le temps soit perçu. 3) Ce permanent ne peut donc être quelque chose en moi. - Il n'y a pas plus de sujet sans objet que d'objet sans sujet. Le je pense pense le monde et non lui-même. Je ne saurais avoir conscience de ma propre existence s'il n'existait pas des objets extérieurs dans l'espace qui servent de fondement permanent aux représentations que je trouve en moi, lesquelles me font avoir conscience de mon existence. - Je ne puis avoir conscience que de moi en train d'avoir conscience de quelque chose qui n'est pas moi. - Kant croit donc à l'existence d'un monde indépendant de la pensée, et par là son idéalisme se distingue de l'idéalisme absolu. - Certes l'entendement n'a pas le pouvoir de dépasser la sensibilité, en ce qui concerne la connaissance, mais ce que l'on ne peut connaître peut cependant être pensé, et c'est ainsi que nous cherchons autre chose que l'expérience. Les noumènes sont précisément ces objets que nous pensons au-delà des phénomènes, et ces objets " nous les considérons comme des objets simplement conçus par l'entendement, et nous les appelons êtres intelligibles (Noumena) " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 224). - Le passage du sensible à l'intelligible, dans le domaine de la connaissance, ne nous élève pas au-dessus des objets des sens ; c'est toujours un même monde, le monde des phénomènes, qui devient intelligible lorsque l'entendement l'ordonne selon ses lois. LA DIALECTIQUE TRANSCENDANTALE DEFINITIONS - Dialectique : logique de l'apparence. Distinction entre apparence empirique (illusions d'optique par exemple), apparence logique (sophisme) et apparence transcendantale, beaucoup plus tenace parce que " la nécessité subjective d'une certaine liaison de concepts en nous, exigée par l'entendement, passe pour une nécessité objective de la détermination des choses en soi " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 253). Il s'agit donc ici d'une illusion naturelle inévitable qui répond à un besoin de notre esprit. La Dialectique transcendantale sera l'étude de cette illusion et de ses sources. - Le siège de l'apparence transcendantale est la raison pure, qu'il faut distinguer de l'entendement. La sensibilité était la faculté des intuitions, l'entendement la faculté des règles ; la raison est la faculté des principes : " toute notre connaissance commence par les sens, passe de là à l'entendement et finit par la raison " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 254). - Toute pensée consiste à juger, c'est-à-dire à lier, unifier. L'entendement, par ses concepts, ramène à l'unité la diversité donnée dans l'intuition ; il opère selon des règles. Mais ces règles elles-mêmes, la raison les prend comme point de départ pour parvenir à une unité plus haute qui est celle des principes : " la raison est la faculté de ramener à l'unité les règles de l'entendement sous des principes. Elle ne se rapporte donc jamais immédiatement à l'expérience ou à un objet, mais à l'entendement, aux connaissances diverses duquel elle s'efforce de donner une unité a priori par le moyen de certains concepts ; cette unité peut être appelée rationnelle et diffère essentiellement de celle qu'on peut tirer de l'entendement " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 256). - L'unité à laquelle parvient l'entendement n'est jamais que celle d'un enchaînement de faits ; la raison va au-delà de l'entendement ; elle est aussi pouvoir de synthèse, mais son activité porte sur des concepts et non sur des intuitions ; l'unité qu'elle vise doit être totale, définitive. - " La raison, dans son usage logique, cherche la condition générale de son jugement (de la conclusion), et le raisonnement n'est lui-même autre chose qu'un jugement que nous formons en subsumant sa condition sous une règle générale (la majeure). Or, comme cette règle doit être soumise à son tour à la même tentative de la part de la raison et qu'il faut ainsi chercher (par le moyen d'un prosyllogisme) la condition de la condition, aussi loin qu'il est possible d'aller, on voit bien que le principe propre de la raison en général dans son usage logique est de trouver, pour la connaissance conditionnée de l'entendement, l'élément inconditionné qui doit en accomplit l'unité " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 259) - La raison pure, c'est la recherche de l'inconditionné considéré comme la condition dernière de toutes les conditions. L'inconditionné, c'est le refus de l'inachevé, de la dépendance ; c'est l'exigence d'une conclusion, d'une perfection, d'un idéal. Kant emprunte à Platon le mot " idées " pour désigner les concepts purs de la raison : " j'entends par idée un concept rationnel nécessaire auquel ne peut correspondre aucun objet donné par les sens " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 270). L'exigence de la raison, c'est de représenter l'univers comme une totalité achevée. Le concept, oeuvre d'entendement est une connaissance limitée ; l'idée, oeuvre de raison, est moins une connaissance qu'une direction ; elle détermine non un objet, mais un sens. - C'est dans leur usage pratique, c'est-à-dire dans le domaine moral, que les idées ont leur véritable intérêt. Dans le domaine de la connaissance, si elles sont des illusions, elles permettent néanmoins de diriger, conduire et uniformiser l'entendement. Elles ne sont donc pas superflues ou vaines. - " Autant l'entendement se représente d'espèces de rapports au moyen des catégories, autant il y aura aussi de concepts rationnels purs ; il y aura donc à chercher un inconditionné d'abord pour la synthèse catégorique dans un sujet, en second lieu pour la synthèse hypothétique des membres d'une série, en troisième lieu pour la synthèse disjonctive des parties dans un système " (Critique de la Raison pure, T.P., p. 276). La première recherche de l'inconditionné est celle d'un sujet qui ne soit que sujet ; elle aboutit à l'idée de l'unité absolue du sujet pensant, c'est-à-dire à l'idée d'âme. La seconde est celle d'une cause qui ne soit que cause ; elle aboutit à l'idée de l'unité absolue de la série des conditions du phénomène, c'est-à-dire à l'idée de monde. La troisième est celle de la détermination de tous les concepts par rapport à un concept suprême qui les contienne tous ; elle aboutit à l'idée de l'unité absolue de tous les objets de la pensée en général, c'est-à-dire à l'idée de Dieu. - L'âme le monde et Dieu sont donc les trois idées de la raison pure et l'apparence dialectique vient de ce qu'on les prend pour des déterminations objectives des choses en soi et non pour de simples liaisons subjectives de nos concepts. - Les sophismes qui aboutissent à l'idée d'âme et que Kant appelle paralogisme de la raison pure, constituent la Psychologie rationnelle. L'idée de monde, objet de la Cosmologie rationnelle, inspire des raisonnements contradictoires ou antinomies de ma raison pure qui sont également vrais ou également faux. La Théologie rationnelle, qui traite de l'idéal de la raison pure, c'est-à-dire de Dieu, contient les sophismes par lesquels on prétend démontrer l'existence d'un être suprême. - Ces trois divisions correspondent aux trois question fondamentales de la Métaphysique : l'immortalité (que prétend établir la Psychologie rationnelle), la liberté (dont la Cosmologie rationnelle voudrait dire si elle est ou n'est pas), et Dieu (dont la Théologie rationnelle cherche à prouver l'existence). PSYCHOLOGIE RATIONNELLE - Voir Table de la Dialectique. COSMOLOGIE RATIONNELLE - Voir Table de la Dialectique. - Les antinomies résultent toutes de cette disproportion entre l'entendement et la raison. L'un reste dans les limites de l'expérience sensible, sous les conditions de l'espace et du temps; l'autre, au contraire, brise ces limites et atteint d'un coup à un tout donné, qui n'a d'existence qu'intelligible, en tant qu'idée de la raison. L'idéalisme transcendantal qui est la seule " clef de la solution de la dialectique cosmologique " (T.P., p. 372), doit " renvoyer dos à dos les deux parties en litige, comme n'appuyant leurs prétentions sur aucun titre solide " (T.P., p. 378). Ces antinomies sont l'oeuvre de la pensée qui se prend pour la connaissance, de la raison qui parle comme seul a le droit de parler l'entendement. L'illusion dialectique consiste ici à tenir les exigences de notre raison pour des déterminations objectives de la réalisté en soi. - La troisième antinomie est d'une importance capitale car elle permet de fonder la morale. Dans le monde des phénomènes, toute cause requiert indéfiniment une cause. Mais si on les considère comme des noumènes, il n'y aucune contradiction à admettre une cause libre et un être nécessaire. Nos actes, en tant qu'il se manifestent dans le monde des phénomènes, sont déterminés selon les lois de ce monde; mais ils sont libres dans la mesure où ils émanent d'un moi qui est au-delà du monde des phénomènes. Cette solution qui, seule permet de concilier le déterminisme physique et la liberté humaine, repose donc sur la distinction essentielle des phénomènes et des noumènes qui définit l'idéalisme transcendantal. Par notre caractère empirique, nous appartenons à la nature et nos actes sont soumis à la loi du déterminisme universel; par le caractère intelligible, nous échappons au monde des phénomènes et nous sommes libres. THEOLOGIE RATIONNELLE - Voir Table des la dialectique. - Le mouvement qui va des intuitions aux concepts, puis des concepts aux idées, doit aller enfin des idées à l'idéal. L'idéal, c'est l'être individuel selon l'idée; ainsi la sagesse est une idée, le sage est un idéal. " De même que l'idée donne la règle, l'idéal en pareil cas sert de prototype pour la complète détermination de la copie, et nous n'avons pas d'autre mesure de nos actions que la conduite de cet homme divin que nous trouvons dans notre pensée, avec lequel nous nous comparons, et d'après lequel nous nous jugeons et nous corrigeons, mais sans jamais pouvoir atteindre sa perfection " (T.P., p. 414). - Rien ne peut être déterminé compltéement qu'en fonction de la représentation d'une réalité parfaite. Tel est l'idéal de la raison pure, ens realissimum, qu'on peut appeler aussi être originaire en tant qu'il ne réside que dans la raison, être suprême puisqu'il n'y a aucun être au-dessus de lui, être des êtres, puisque tout lui est subordonné comme à sa condition. Mais toutes ces expressions ne désignent point une existence : " elles ne désignent que le rapport de l'idée à des concepts et nous laissent dans une complète ignorance touchant l'existence d'un être d'une supériorité si éminente " (T.P., p. 419). - Il n'y a rien en effet dans le concept qui permette de distinguer le réel du possible; c'est l'expérience seule qui nous fait connaître que l'objet que nous concevons existe. Ce qui est, du point de vue du concept, n'est rien de plus que ce qui n'est pas. - L'existence n'est donc pas une perfection; une chose imparfaite, si elle existe, n'en sera pas mois imparfaite. On ne peut passer de l'essence à l'existence que par l'expérience, c'est-à-dire le recours à l'intuition. L'existence s'éprouve, elle ne se prouve pas. - Toute la Théologie rationnelle repose sur l'argument ontologique qui prétend vainement démontrer une existence par de simples concepts. PRINCIPES CONSTITUTIFS ET PRINCIPES REGULATEURS - L'âme, le monde et Dieu sont des idées et par suite inconnaissables. Puisque toute connaissance exige que des intuitions soient subsumées sous un concept, là où il n'y pas d'intuition, il ne saurait y avoir non plus de connaissance. En ce sens, la Métaphysique considérée comme science des choses en soi est impossible. - Les principes de l'entendement sont constitutifs en ce sens que les objets de l'expérience ne peuvent être construits que d'après eux, ce qui leur confère une valeur objective. Mais les principes de la raison dirigent la pensée dans sons effort de systématisation, ils l'emppechent d'être jamais satisfaite. Ils ont donc un usage régulateur en ce sens qu'il ne déterminent pas d'objet, mais qu'il servent de règle à l'esprit. Il faut se garder de transformer les principes régulateurs en principes constitutifs, c'est-à-dire d'accorder une valeur objective aux maximes de la raison. CONCLUSION - Toute connaissance est faite d'une forme a priori et d'une matière a posteriori. - Les éléments a priori sont de deux sortes : - Les uns, fournis par la sensibilité, concernent l'intuition; ce sont l'espace et le temps, intuitions pures, formes a priori de la sensibilité. - Les autres, fournis par l'entendement, concernent les concepts; ce sont les catégories, concepts purs, formes a priori de l'entendement. - Ces données a priori rendent possibles des jugement synthétiques a priori et par là justifient une Mathématique et une Physique pures. Je sais apriori de tout ce que je puis connaître que ce sera conforme aux cadres à travers lesquels s'élabore toute connaissance. - Mais comme en l'absence d'une intuition intellectuelle, les catégories ne peuvent s'appliquer qu'à l'expérience, tout usage transcendant leur est interdit. - Cependant, la raison pousse l'entendement au-delà de l'expérience et ainsi naît la Métaphysique. On ne saurait nier la Métaphysique comme disposition naturelle de la raison. - Mais les idées de la raison sont simplement régulatrices et non constitutives; elles ne nous font rien connaître, elles orientent seulement notre effort pour connaître et l'empêchent de se satisfaire trop aisément. - La Métaphysique est donc impossible comme science des choses en soi. - Nous ne pouvons rien affirmer de l'âme, du monde et de Dieu, et nous comprenons pourquoi, dés lors, la Métaphysique, qui a des origines si anciennes, n'est pas encore entrée dans la voie sûre de la science; c'est que faute d'une Critique préalable, elle s'était proposé des objets inaccessibles. © Stéphane Barbery ------------------------------------------------
  13. voir top topic N°2 (un petit coup de flemme)
  14. YESSSSSSSSSSSSssssssssssssssssss!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! . . . . . i have a gun. a big gun. his name....................................................google!!!!!! gare aux chutes de niveaux!!!!!! gniarf! gniarf! gniarf! (rire sadique et inquiétant) brrrr! je me fais peur moi-même!
  15. wmi = Window Management Instrumentation pas grand chose a voir avrc norton
  16. scuny

    les TALC

    140 visiteur 15 votes soit 10.7 % des visiteurs ont votés. et 80 % des votants trouve que j'aurais mieux fait de fermer ma g......... snif........une bonne âme modératrice peut elle fermer cette "cagade"?
  17. note informative pour les angoissés: DOUDS EST VIVANT. on trouve trace d'une réponse dans un topic a 15H43
  18. pour quitter la depression..........................change de pseudo!!!!!!!!!!!
  19. c'est bien toi qui voulais que le niveau remonte, non!
  20. scuny

    les TALC

    ce n'était que pour rire j'invite les modos a le fermer sans delais
  21. avant de répondre il est indispensable de lires les top topics scuny les auteurs de TALC
  22. suite a une demande de douds relative au niveau qui se détériore Hypothese sur le temps. Méthode de mesure en physique et de perception en philosophie EX NIHILO NIHIL ? Le but de ces quelques lignes est d’ouvrir un nouveau concept sur la manière de percevoir et de mesurer le temps. Quelques mots : Il y a longtemps maintenant, j'avais rêvé d’un autre monde, un monde où le temps serait parfait, où le temps nous appartiendrait. Chacun le sien au moment, pour l’enfant d’un jour, le jour serait sa vie, l’année l’infini ; pour l’adulte le jour serait l’instant, l’année de moins en moins jusqu’à ce quelle ressemble à celle d’avant, jusqu’à presque rien. L’équilibre, la mort ne serait que la fin d’une répétition fatigante. Si ce n’est ce paradoxe qui pousse l’instant à une nouvelle vie, une nouvelle éternité pour chaque expérience, et qui nous raccroche à la vie, à ses richesses quel que soit l’instant et l’âge.Andre pierre jocelyn Le livre du site LES TROIS TEMPS En quatrevingt-treize, j'avais un système physique à analyser. Je me suis donc assis au bord de l'eau et j'ai observé. Ce que j'ai vu et mesuré était étonnant, et en particulier, ce qui concerne le temps. J'ai vu que la matière attire la matière, et si celle-ci a un sens, la matière attirée prendra le même sens, en quelque sorte c'était le même principe qui veut que de penser à des actes heur eux at ti re le b o n h e u r . J'ai continué l'observation et j'ai vu que des tourbillons se formaient aux pieds des ventelles, j'ai vu qu'un phénomène, pouvait entraîner un autre phénomène beaucoup plus puissant, un peu comme dans une casserole d'eau, si vous faites tourner l'objet en l'accompagnant, donc en imposant, celui-ci ira à la vitesse de votre poignée, mais si vous donnez quelques petites impulsions, il se créera un tourbillon d'une vitesse tendant vers l'infini. C'est encore le même principe utilisé par Homère pour enseigner la matière et par Saint Exupéry , l'esprit. Ils ne dictent pas, il proposent des idées qui accélèrent l'esprit, cet esprit stimulé de petites impulsions, crée de nombreuses autres idées bien plus puissantes, particulières à chacun. Vous savez en été, on se plaît au bord de l'eau, aussi j'ai continué l'observation, et j'ai trouvé la clef qui m'a permis d'analyser ce canal, chose que personne n'avait déclaré savoir faire. Ce que j'ai observé, c'est que : chaque chose n'est analysable que par rapport à elle-même, ainsi les lignes des fluides ont leurs propres vies, de fait ces principes physiques n'étaient analysables que par rapport à eux-mêmes d'une manière exponentielle. Je n'ai pu que me pencher sur ma perception ; sur le temps de l'événement , nous étions encore dans les premiers jours de mon stage, pourtant les premiers contacts étaient pris, j'avais posé mes marques, l'événement était déjà fini, ainsi je reconnue le temps de l'événement, le temps qui fait que chaque nouvelle expérience tend vers l'infini dans les premiers instants pour se stabilisé dans la mort d'une répétition. Ces événement qui commence d'un équilibre vers un autre qui ne s'oublit qu'au prochain événement, sinon jamais. Le concept ne tarda pas à développer, et fit apparaître un temps individuel qui m'était particulier, en rapport avec mon age, id pour ces jeunes secrétaires ou ce bienveillant gestionnaire. Chacun le sien au moment repère de l'instant vécu, à dix ans je me regarde comme Marcel Pagnol à l'aide des yeux d'un enfant de dix ans, mais à trente ans, je me regarde à l'aide des yeux de cet homme de trente ans. Le temps social , ce temps commun qui marque le rendez-vous était présent comme un ogre, mais les systèmes physiques l'effaçaient en souriant, rendant le chronomètre ubuesque de par son fonctionnement. Ce temps social fils des planètes qui apporte une deuxième dimension bien inutile au temps de l'événement dans les équations, est rejeté car le temps est la variation du système étudié et ne se représente que sur une dimension. J'avais réalisé l'objectif, alors j'ai continué à observer, et j'ai vu que quelque soit le chemin parcourue par l'eau, elle ressortait toujours par les mêmes ventelles, comme la lumière pendant la leçon sur les interférences, ou encore comme les rayons x, ainsi quelque soit le chemin parcourue, les pensées des grands philosophes se retrouvent au même point, la différence est la manière, le chemin emprunté. Cette histoire de temps me semble extraordinaire de part les nombreuses applications, alors je m'offre encore un peu d'observations, et j'affine le deuxième principe en un nouveau principe séparant les lois de fonctionnement, les lois de la globalité étant totalement différentes et indépendantes des lois des particularités qui l'on créent. La cinquième loi est la partie placée entre parenthèse dans la deuxième loi : " j'ai vu qu'un phénomène,( aux lois particulières,) pouvait entraîner un autre phénomène beaucoup plus puissant ( régit par de nouvelles lois.)" En exemple sans angle vif, O et O et O associés donne une figure aux nouvelles lois ou trois angles vifs apparaissent. Andre pierre jocelyn Structure du site A) Démonstration que le temps est exponentiel en mécanique des fluides. Détail du texte d'origine. B) Démonstration sur des courbes définies comme impossibles à représenter arithmétiquement ; généralisation du temps exponentiel en science. Exemple en biologie. et Exemple en mécanique des fluides. C) Valeur de la démonstration : philosophie de l'hypothèse sur le temps. D) Développement logique et relations entre mathématique, science physique ou biologique et philosophie : pour une meilleure compréhension du site. E) Recherche d’exemples et de définitions , les autres pages. F) La cohérence : Paul Janet. ( Philosophie et citations de philosophes ) http://thera.info/ http://dmoz.org/ Applications sur le temps à développer : a ): Un logiciel d'application du temps biologique. En d'autres mots un logiciel qui permet de connaître l'âge réel de notre corps en opposition à un âge mesuré à l'aide d'un temps social. b ): La mise au point d'un mécanisme, qui peut être électronique, pour mesurer d'une manière exponentielle les systèmes physiques. La particularité de cet appareil sera de faire ressortir les progressions linéaires, puisque la correction exponentielle sera faite sur le temps. c ): La mise au point de tableaux faisant ressortir la particularité de chaque phénomène. En exemple, en biologie, chaque enzyme pourra être identifié à l'aide d'un nombre sans dimension. Caractéristique d'une analyse avec un temps exponentiel. Avantage du concept proposé. Le concept permet : A) De définir une méthode d'analyse simplifiée des courbes expérimentales et identifier le nombre de facteurs influençant les courbes analysées. B) De déterminer un nombre sans dimension qui sera caractéristique de chacun de ces facteurs et qui se retrouvera dans les autres analyses fesant intervenir ces facteurs. C) De se libérer de la notion de quantité qui est une des grandes problématiques de la biochimie moderne, car les produits purifiés sont extrèmement couteux et parfois même rare. D) De passer d'une analyse sur deux dimensions à une analyse sur une dimension, car la base de temps est considérée, dans la méthode, comme étant la variation elle-même. Ceci simplifie grandement les calculs. E) D'utiliser une méthode simple, accessible à tous sans avoir à faire appelle aux mécanismes complexes de la régulation en utilisant une méthode de rapprochement des intervalles et d'identification de forme de courbes pour identifier les phénomènes mesurés ou analysés. ( Abadie joris ). Andre pierre jocelyn webmaster et auteur source letime.net
  23. il suffit de demander La haine dans la position dépressive catherine podguszer Depuis son premier exposé sur la défense maniaque et dans ceux qui suivront, D.W. Winnicott n'a pas cessé de revenir sur la question de la position dépressive élaborée par M. Klein dans sa Contribution. Dans son élaboration de la position dépressive, il en soulignera aussi les ratés et fera quelques pas suplementaires et décisifs. Il a aussi rédigé sur ce thème plus de 300 pages de Fragment d'une analyse, en soulignant que ce fragment est "donné à titre d'exemple de la position dépressive, telle qu'elle peut apparaître au cours d'une analyse". Il semble, comme le soutient Jean-Pierre Lehmann dans La clinique analytique de Winnicott (1), qu'il "devait être personnellement concerné par ce qu'il avait developpé tout au long de son œuvre", de 1935 dans sa première conférence sur La défense maniaque jusqu'en 1968 sur L'utilisation de l'objet. Quelques repères bibliographiques D.W. Winnicott élabore la position dépressive : - 1935 La défense maniaque (De la pédiatrie à la psychanalyse, éditions Payot, 1969) - 1948 Réparation en fonction de la défense maternelle (idem) - 1954 La position dépressive dans le développement affectif normal (idem) - 1958 La psychanalyse et le sentiment de culpabilité (idem) - 1960 Agressivité, culpabilité et réparation (Conversations ordinaires, Gallimard 1988) - 1963 Elaboration de la capacité de sollicitude et Valeur de la dépression (Processus de maturation de l'enfant. Développement affectif et environnement, Payot, 1970) - 1968 L'utilisation de l'objet et le mode de relation à l'objet au travers des identifications (Jeu et réalité, Gallimard 1971) I. A l'origine de l'élaboration de la position dépressive chez Winnicott : conférence de Mélanie Klein, "Contribution à l'étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs"1934 (2) Dans sa contribution Mélanie Klein pose les premiers jalons de la position dépressive et de la défense maniaque. Le mot "position" est ici employé, et non phase ou mécanisme: "L'enfant commence à vivre sa relation d'objet à partir d'une position différente. Il passe de l'objet partiel à la relation à un objet complet". Elle souligne que cette nouvelle position "donne assise à la situation de la perte de l'objet, car la perte de l'objet ne peut pas être ressentie comme une perte totale avant que celui-ci ne soit aimé comme un objet total". Dans les très grandes lignes (3), Mélanie Klein considérait l'état dépressif "comme le résultat d'un mélange d'angoisse paranoïde et de défenses liées à la perte imminente et totale de l'objet d'amour. Les bons et les mauvais objets devenant de plus en plus différenciés". La haine de l'enfant visait plutôt les mauvais, et l'amour et la réparation les bons. Elle affirmait que "tout accès de haine ou d'angoisse pouvait abolir pour un temps la différence entre les bons et les mauvais objets", en précisant que ce n'était "pas seulement la violence de l'incontrôlable haine du sujet qui mettait l'objet en péril [mais aussi] la violence de son amour". A ce stade, aimer un objet et le dévorer étaient, pour elle, inséparables: "Le petit enfant était torturé d'angoisse, croyant avoir mangé ou détruit sa mère lorsqu'elle disparaissait". M. Klein passe ensuite en revue les mécanismes mis en jeu dans l'effort du petit enfant pour échapper à ces souffrances. En premier lieu, "le sentiment de toute-puissance qui est suivi de la négation de la réalité psychique et d'une bonne partie de la réalité extérieure. Ce sentiment de toute-puissance maniaque se caractérise par ses modes de maîtrise des objets afin de nier la terreur qu'ils inspirent[...]en permettant aussi la mise en oeuvre de mécanismes de réparation". Dans sa conclusion M. Klein souligne l'"importance cruciale de ce passage de l'introjection d'objets partiels à celle d'objet complet". Elle affirme que le succès de ce passage dépendait "de la manière dont le moi avait pu traiter son sadisme et son angoisse"[...]"L'incapacité à maintenir l'identification avec de bons objets d'amour réels ou intériorisés pouvait aboutir à des troubles psychotiques tels que les états dépressifs, la manie ou la paranoïa". Pour M. Klein et pour D.W. Winnicott la position dépressive a partie liée avec leurs propres histoires: Mélanie Klein: Elle fait écho dans sa Contribution à ses expériences de pertes depuis son enfance: la mort de sa sœur Sidonie, le suicide de son frère Emmanuel, sa dépression après son mariage, l'amènent à commencer une analyse avec S. Ferenczi. La dépression après la mort de sa mère et son chagrin après la mort de son deuxième analyste, K. Abraham en 1934 (date de sa Contribution). Puis un autre événement l'attaque de plein fouet, le décès accidentel de son fils aîné. A cela s'ajoute la guerre que lui fait publiquement sa fille Mélitta. Sabine Parmentier (4) pointe quelques-uns des dialogues imaginaires que M. Klein poursuivait avec sa fille dans sa Contribution. Elle souligne qu'elle avait probablement en vue "la haine destructrice dans l'enfant Mélitta". Cette haine faisait fantasmer à l'enfant une "mauvaise mère" (la mère réelle étant toujours hors de cause pour M. Klein). Ce sera là un des points de divergence entre elle et D. W. Winnicott dans son élaboration de la positoion dépressive. D. W.Winnicott: James Britton (5), le frère de Clare Winnicott (femme de Winnicott), reçut un jour un poème de D. W.Winnicott (alors âgé de 68 ans). Ce poème était accompagné de ces mots: "Est-ce que cela vous ennuie de voir ceci, cette blessure qui se fait jour en moi. Je pense qu'il y avait quelques épines qui ressortent d'une façon ou d'une autre. Cela ne m'est jamais arrivé auparavant et j'espère que cela ne se reproduira pas[...]". Dans ce poème intitulé "L'arbre", on pouvait lire: "Mère en dessous pleure, pleure, pleure. Ainsi l'ai-je connue. Autrefois, allongé sur ses genoux, comme maintenant sur l'arbre mort, j'ai appris à la faire sourire, à endiguer ses larmes, à réparer sa culpabilité, à soigner sa mort intérieure. La rendre vivante était ma vie." Margaret Little a confirmé plus tard l'existence de ces accès de dépression et Winnicott, lui-même, n'a pas caché, dans ses notes autobiographiques (6) "que son père, trop occupé, l'a inconsciemment chargé de prendre soin de sa mère délaissée". Brett Kahr note aussi, dans sa biographie sur Winnicott (7) : "Lorsque Winnicott souligne dans son texte La réparation en fonction de la défense maternelle, que pour ces enfants, "la tâche est d'abord de s'occuper de l'humeur de la mère". Winnicott parlait de sa propre expérience et peut-être, qu'il s'était ultérieurement senti coupable de n'avoir réussi, ni à soigner sa mère, ni à la sauver en 1925 de l'affection cardio-pulmonaire qui l'a emportée prématurément". Nous pouvons imaginer, avec Jean-Pierre Lehmann, que "Winnicott aurait cherché, durant ses deux analyses, à élaborer sa propre position dépressive. Il semble qu'il n'ait pu le faire dans son enfance car il a du se consacrer à la dépression maternelle. Il avait peut-être attendu de ses analystes un soutien qu'il n'aurait pas trouvé (9 ans avec J. Strachey et 5 ans avec Joan Rivière). Il aurait désiré faire sa seconde analyse avec Mélanie Klein, pour laquelle il avait une grande estime, mais elle s'était récusée, désirant qu'il analyse son propre fils (il n'a pu travailler directement avec elle que dans ses contrôles d'analyses). II. Première conférence publique de D.W. Winnicott: La défense maniaque, 1935 Dans un premier temps les caractéristiques dégagés concernant la défense maniaque sont proches de celles de Mélanie Klein: - manipulation - maîtrise de toute puissance - dépréciation par le mépris Pour M. Klein et pour D.W.Winnicott, la défense maniaque s'organise "en fonction des angoisses qui relèvent de la dépression. Cet état de dépression résultant de la coexistence de l'amour, de l'avidité et de la haine entre les objets intérieurs". Puis en se démarquant de M. Klein sur certains points, il va distinguer la notion de réalité intérieure à celle de fantasme. "La défense maniaque manifeste l'incapacité de donner une pleine signification à la réalité intérieure" […] "Le fantasme fait partie de l'effort accompli par l'individu pour affronter la réalité intérieure". Il ajoute ensuite que "l'activité fantasmatique - ou rêverie - est un moyen de manipuler, dans un contrôle omnipotent, la réalité extérieure et la réalité intérieure refusée" […] "Des attaques ont lieu à l'intérieur de l'enfant : des attaques contre les bons parents -ou les parents qui s'aiment (en étant heureux ensemble ils le frustrent), et des attaques contre les parents rendus méchants par la haine". Il précise que "les fantasmes omnipotents ne sont pas tant la réalité intérieure à proprement parler qu'une défense contre son acceptation" […] "Le fantasme tout-puissant sert de refuge quelquefois pour fuir d'autres fantasmes et cela va jusqu'à la fuite vers la réalité extérieure". Winnicott estime que l'on ne peut comparer -ou mettre en opposition- fantasme et réalité. Il donne comme exemple un livre d'aventure en soulignant que "dans son enfance, l'auteur se réfugiait dans la rêverie et qu'il a utilisé plus tard la réalité extérieure pour une même fuite". La vie de l'auteur est "basée sur le déni de sa réalité personnelle intérieure". Dans la deuxième partie de sa conférence il expose quatre extraits de cas en illustrant cette défense maniaque qui est pour lui un mécanisme couramment utilisé et que dans une cure, "l'analyste ne doit jamais le perdre de vue". Il conclut en donnant ses propres définitions de la défense maniaque et de la position dépressive : "L'expression défense maniaque se propose de couvrir la capacité dont dispose une personne pour dénier l'angoisse dépressive inhérente au développement affectif. Angoisse qui appartient à la capacité qu'elle a de ressentir de la culpabilité pour les expériences instinctuelles, et pour l'agressivité qui accompagne ces expériences instinctuelles dans le fantasme." Trente cinq plus tard dans son texte (, Rêver, fantasmer, vivre, Winnicott va apporter des précisions notables à propos de la question du fantasme: - "Rêver va de paire avec la relation d'objet dans le monde réel, à l'opposé, fantasmer est un phénomène isolé qui ne participe ni au rêve ni à la réalité". - "Les rêves et les sentiments peuvent être soumis au refoulement, la fantasmatisation est marquée par l'inaccessibilité". - "Cette inaccessibilité est liée à la dissociation plutôt qu'au refoulement". - "L'omnipotence est maintenue. Elle n'est pas la même que celle des premières expériences du moi non-moi qui relève de la dépendance", c'est à dire à une phase antérieure du développement affectif. - "Les différences majeures [entre le rêve et le fantasme] dépendent de la présence ou de l'absence d'un état dissocié". Il présente en illustration, le cas d'une femme d'âge mûr qui découvre au cours de son analyse, à quel point sa vie entière avait été perturbée par la fantasmatisation (ou rêve diurne). Il va démontrer comment il y a dans cette fantasmatisation une "fixité de toute satisfaction, ici et maintenant". En revanche, le rêve contient "des couches successives de significations reliées au passé, présent, au futur, au dedans au dehors et sont fondamentalement toujours en rapport avec l'individu". II. Agressivité et pulsion d'amour primitive seront donc au centre de toute l'élaboration de la position dépressive de D.W.Winnicott Dans La réparation en fonction de la dépression maternelle organisée contre la dépression(9), Winnicott va développer la question de la fausse réparation des enfants de mères dépressives. Il a remarqué très tôt la nécessité pour certains enfants de faire d'abord "face à l'humeur dépressive de la mère" (en relation sans doute avec les traces de sa propre enfance). Il souligne aussi une distinction majeure entre le "besoin de réparation lié à la position dépressive, et la fausse réparation qui n'est pas spécifiquement en rapport avec la propre culpabilité du sujet". Cette fausse réparation se rattache, pour lui, "au sentiment inconscient de culpabilité de la mère, ou à son humeur dépressive." Son expérience de vingt-cinq années de pratique à Paddington Green lui a permis cette constation: "l'enfant, en s'identifiant à sa mère dépressive se sert de la dépression de sa mère pour échapper à la sienne. L'enfant opère ainsi une fausse réparation en relation avec la mère. L'enfant étant resté dépendant de la mère ne réussit pas à établir sa propre identité. Il n'a pas atteint l'agressivité qui est du domaine de l'amour primitif et donc, pas encore atteint sa propre culpabilité". Il élargit ensuite le champ de l'environnement en parlant de la relation de l'individu au groupe dont il fait partie, adulte, et ajoute que cette relation "se calque souvent sur celle qu'il avait eue avec sa mère". En 1969, dans un article pour l'International Journal of Psycho-analysis (10), il précisera ces points concernant certaines cures: "Tout ce qui est tenté dans une analyse pour reconstruire un self différent du faux self organisé autour de la dépression de la mère, n'amène pas le patient à une position nouvelle. Dans ce cas le sens de la guérison est accompli pour traiter la haine de la mère. Dans le transfert, l'analyste doit être dans la position de la mère quand ces problèmes sont prêts à être interprétés, par exemple, quand le patient ressent l'analyste comme lui étant hostile. Ou bien quand il utilise d'autres personnes de son environnement comme persécuteurs. Tant que l'intégration de la dépression de la mère n'est pas réalisée, ce qui pourra être dit de la position dépressive ne sera pas pertinent. Les analystes qui la chercheraient dans les cures le feraient en vain". Pour Winnicott, et contrairement aux Kleiniens, la position dépressive ne pouvait s'établir "qu'à partir de 6 mois et non avant". Il soutient l'hypothèse "qu'en analyse on [peut découvrir] que cette position, c'est à dire le passage de la non-sollicitude (ou cruauté), au stade de la compassion (ou sollicitude) n'aie jamais eu lieu". Ce passage est pour lui "la réalisation de l'unité de l'être humain". Faisant encore référence aux Kleinien, Winnicott avancait l'idée que parler à ce stade de haine était une erreur. La haine était pour lui un sentiment déjà élaboré. La distinction n'avait pas été faite jusque là entre "l'agressivité incluse dans l'amour primitif et l'agressivité réactionnelle née de la frustration"(ou haine). "Nous ne parviendrons nulle part en étudiant l'agressivité si, dans notre esprit nous la lions irrévocablement à la jalousie, l'envie, la colère, provenant de la frustration à l'œuvre dans les pulsions que nous nommons sadiques. Beaucoup plus près de l'essentiel est le concept d'agressivité faisant partie de l'exercice qui peut aboutir à la découverte des objets qui sont extérieurs". Cet énoncé contenait une critique implicite des positions Kleiniennes. Il en sera encore question un peu plus loin. III. Développement de la " capacité de sollicitude " (1950-1955) Entre 1950 et 1955 Winnicott fait 3 communications réunies sous le titre commun de "L'agressivité et ses rapports avec le développement affectif". (11) En 1954-1955 son texte le plus long : "La position dépressive dans le développement affectif normal" (12), peu après "La psychanalyse et le sentiment de culpabilité" et en 1962 une conférence aux Etats-Unis sur l' "Elaboration de la capacité de sollicitude" (13). Dans sa conférence sur "La position dépressive", Winnicott va préciser par l'expression Stade de la sollicitude est une expression plus adaptée que position dépressive sans recouvrir pour autant tout le processus de ce passage du développement affectif. a. Impitoyable Il aborde le problème de la position dépressive en partant du mot impitoyable: "Le petit enfant est d'abord impitoyable. Il n'a pas d'inquiétude à l'égard des conséquences de l'amour instinctuel. Cet amour est à l'origine une forme d'impulsion de geste, de contact, de relation. L'enfant ne se sent pas impitoyable mais dans la régression, l'individu peut se dire "j'étais impitoyable". Vient ensuite le stade où la mère peut être reconnue comme personne totale et distincte du bébé, en supposant qu'elle soit suffisamment bonne (good enough mother) et disponible. Elle peut ainsi remplir deux fonctions qui répondent aux deux états successifs du bébé, l'excitation et le calme: 1. la mère doit s'adapter aux besoins de l'enfant 2. elle doit être un objet d'agressions au cours des phases instinctuelles. "Dans l'esprit de l'enfant ces deux fonctions de la mère s'associent", mais Winnicott affirme que "de grandes difficultés peuvent en surgir. Le petit enfant ne peut accepter que cette mère appréciée dans les phases calmes soit la même que celle qui a été -ou qui sera- attaquée impitoyablement dans les phases d'excitation. Le bébé ne fait pas encore la distinction entre ce qui réside de l'intention et ce qui se passe dans la réalité". Pas de distinction donc entre le fait et le fantasme. "Le bébé a une perception de l'identité de deux objets" : la mère des phases calmes (ou mère-environnement) et la mère attaquée au point culminant de la force instinctuelle (ou mère-objet). b. La nourriture est à la base de ces questions D.W. Winnicott affirme que "l'enfant est dupé par la nourriture. La tension instinctuelle disparaît, mais il se trouve à la fois satisfait et trompé. "On suppose trop facilement, ajoute-il "que la satisfaction ou le sommeil suivent les repas mais, quand dans la tétée il n'y a pas eu assez d'érotisme musculaire ou de pulsion primitive, il reste de l'agressivité non déchargée ou bien un sentiment de fiasco. C'est souvent le chagrin qui suit cette duperie. Une source d'enthousiasme à l'égard de la vie a brusquement disparu et le petit enfant ne sait pas quand elle reviendra. La situation se répète et la mère, en maintenant (holding) la situation, permet à l'enfant de réaliser qu'elle a survécu. "[…]"Le bébé imagine manger l'objet-mère et il veut prendre possession de son contenu. Il éprouve ainsi l'angoisse d'avoir perdu celle qu'il a dévorée." L'expérience instinctuelle, selon Winnicott, induit chez l'enfant deux types d'angoisses: - l'angoisse vis à vis de l'objet d'amour instinctuel (la mère n'est pas la même avant qu'après). - l'angoisse qui touche l'intérieur de l'enfant. Il ne se sent plus le même qu'avant. (c'est comparable chez l'adulte après une expérience sexuelle). "Dans la tétée l'enfant absorbe quelque chose, qui est senti comme bon ou mauvais, suivant la phase calme ou excitée. Une certaine colère due à la frustration fait partie du repas, même satisfaisant. L'enfant repu redoute le trou imaginé dans le corps de la mère. Il se débat entre ce qui est senti comme bon (ce qui le soutient) et ce qui est senti comme mauvais (ce qui le persécute) Il en résulte un état très complexe à l'intérieur de l'enfant. Les éléments de soutien et de persécution établissent une inter-relation jusqu'à ce qu'un équilibre soit atteint. L'enfant retient ou élimine selon son besoin intérieur. Avec l'élimination, l'enfant regagne un certain contrôle, puisque l'élimination met en jeu des fonctions corporelles. Dans le processus physique de la digestion, ce qui est inutile est éliminé. Dans le processus imaginatif l'élimination a un potentiel bon et un potentiel mauvais. La digestion physique s'effectue tandis qu'une élaboration correspondante a lieu dans la psyché. L'enfant attend son issue, soumis passivement à ce qui se passe à l'intérieur". "S'opère maintenant pour le bébé une fusion entre les deux mères. Entre la mère-environnement et la mère-objet". Ce qui importe souligne Winnicott, "c'est que la mère continue à être vivante et disponible. A la fois comme objet qui a survécu aux attaques de destruction et comme mère-environnement bien présente pour recevoir les gestes spontanés du bébé et en être heureuse". c. Le premier don "La mère est ainsi amenée à prendre le bon et le mauvais. Voici le premier don". Sans ce don, nous dit Winnicott "on ne sait ce qu'est recevoir authentiquement"[…]"La mère qui reconnaît un geste de don, est en mesure de faire quelque chose à propos de ce vide, ce trou creusé en imagination dans le moment primitif instinctuel". "Le geste du don peut parvenir jusqu'au trou (ou vide) si la mère joue son rôle. C'est à dire si elle maintient la situation dans le temps. Dans ce cas l'enfant tolère peu à peu le trou, ou la conséquence de l'amour instinctuel". " La possibilité de donner, de réparer transforme l'angoisse en sentiment de culpabilité", pour Winnicott c'est "la seule culpabilité authentique. Cette culpabilité naît de la réunion des deux mères, de l'amour calme et de l'amour excité, de l'amour et de la haine. Ce sentiment devient une source normale et saine d'activité dans les relations. Une source de puissance, de contribution sociale et aussi de réalisation artistique. Chez l'enfant normal, précise Winnicott, "le sentiment de culpabilité découle d'une source personnelle. Il est inutile de lui enseigner le sentiment de culpabilité ou de sollicitude". Il ajoute qu'"en analyse, lorsque le patient parvient à la position dépressive dans le transfert, nous voyons une expression d'amour suivie d'angoisse concernant l'analyste et aussi des craintes hypocondriaques. Ou bien, nous voyons une libération de l'instinct et un enrichissement de la personnalité. La mère suffisamment bonne (ou l'analyste) devient alors une partie du self. Elle est assimilée au moi et l'individu acquiert ainsi un milieu interne. d. Lorsque le cercle bénéfique est rompu : 1. " Le processus se défait, il y a inhibition instinctuelle, un appauvrissement personnel et une perte de la capacité à éprouver de la culpabilité. L'enfant peut continuer à avoir des satisfactions sensuelles instinctuelles et même s'il ne se sent pas coupable, il perd la capacité de ressentir de l'affection ". 2. " Si les phénomènes intérieurs sont perturbants, l'enfant (ou l'adulte) étouffe le monde intérieur. C'est l'état dépressif. Les dépressions ne sont généralement pas apparentées à la position dépressive. Elles sont associées à la dépersonnalisation ou à l'absence d'espoir concernant les relations objectales ou au développement du faux self. Ces phénomènes appartiennent à l'époque antérieure à la position dépressive ". Cet état peut largement accentuer la difficulté du passage de la position dite dépressive, dans développement affectif de l'enfant et jusqu'à l'âge adulte pour certains. e. Quelques-uns des processus mis en jeu dans cette étape cruciale du développement : D. W. Winnicott a recherché l'origine de l'élément destructeur dans la pulsion d'amour primitive en remontant jusqu'à la motricité du fœtus. Cette pulsion n'est pas différente de celle du bébé qui devra faire passer cette motricité primitive dans ses expériences pulsionnelles. Il repère alors 3 situations : 1. lorsqu'un environnement favorable est découvert par le bébé. 2. lorsque l'environnement est envahissant pour le bébé, ce qui provoque en lui un retrait. 3) lorsque l'envahissement est tel que le bébé n'a plus de lieu de repos: "Le développement se fait alors comme une extension de l'écorce. Le noyau du self est dissimulé. Le faux self prend toute la place. En analyse le patient se plaint d'un sentiment de futilité". Il ajoute que le maximum de motricité "peut entrer dans les expériences pulsionnelles lorsque la mère va à la rencontre des besoins du moi du bébé. Ce qui donne une union du potentiel de motricité avec le potentiel érotique". Dans les deux autres cas "le potentiel de motricité est utilisé par le bébé pour s'opposer aux envahissements de l'environnement. Et à l'usage, cela peut créer un besoin de ces envahissements pour mettre en jeu le potentiel moteur. Il y a là un risque pour l'individu de ne pas s'affranchir de cette dépendance. Des tendances sadiques peuvent se retourner en masochisme quand l'union du potentiel de motricité et du potentiel érotique ne se crée pas". Winnicott a toujours refusé à appeler pulsion de mort-pulsion de vie (en référence à S. Freud, voir Au-delà du principe de plaisir), ce qu'il nomme lui: union, fusion des pulsions ou intrication pulsionnelles. Cette union se produit précocement, "à l'époque de l'amour cruel, mais se stabilise seulement au cours de l'élaboration de la position dépressive. Le bébé peut alors faire l'expérience que l'objet de son amour n'est pas détruit par la force destructive". f. Les échecs de l'union des pulsions "Quand l'environnement est pathologique, les pulsions destructives et les pulsions érotiques restent séparées. L'agressivité sera alors défensivement inhibée entraînant une limitation de la créativité et un appauvrissement de la vie sexuelle. Quand la défaillance maternelle a fait obstacle au nouage pulsionnel, l'analyste devra relayer la mère. Il devra supporter les pulsions destructives, leur survivre, et accueillir les gestes réparateurs de l'analysant". "La reconnaissance de sa destruction et son acceptation par le patient ne sont possibles qu'après un long travail lui permettant d'accéder à la régression à la dépendance. Cette reconnaissance et son acceptation ne peuvent se faire que lorsque l'analyste arrive à les nommer dans une interprétation". Mais pour être entendu par le patient, l'analyste doit en même temps l'accueillir, l'accepter et en reconnaître lui-même la valeur. Le moment opportun (et délicat) pour cette interprétation est "le moment où l'analyste perçoit chez le patient, d'une part la pulsion de destruction et conjointement une activité réparatrice. A ce moment-là seulement le patient pourra accepter l'une avec l'autre". Winnicott soulignait l'importance de " cette corrélation dans le fait que les êtres humains ont des difficultés à accepter l'intention destructrice dans leur amour primitif. Cette idée n'est supportable qu'avec des signes évidents d'intentions constructives ". IV. Les objections de D. W. Winnicott face à la théorie kleinienne Jean-Pierre Lehmann (14) cite les objections que Winnicott soulève à l'encontre de la théorie Kleinienne à travers différents textes non publiés. J'en soulignrais quelques points. Ces divergences entre M. Klein et D. W. Winnicott vont apparaître au grand jour lorsqu'elle fait, en 1955, son exposé sur "Envie et gratitude" (15). Pour Winnicott l'envie était bien sûr à l'œuvre dans les analyses, mais il était en désaccord avec elle lorsqu'elle affirmait que "l'envie est une manifestation sadique-orale et sadique-anale des pulsions destructives qui interviennent dès le commencement de la vie". L'envie avait pour elle "une base constitutionnelle". Pour Winnicott "l'introduction du terme envie affaiblissait le concept de sadisme oral", car ce concept n'était valable qu'en associant le concept biologique de la faim au concept des pulsions destructrices (provenant des sources primitives) dirigées vers les relations objectales (la mère, le père, l'environnement). M.Klein n'exploitait que le facteur héréditaire "en faisant une description du développement du nourrisson sans référence à l'environnement. Sa tentative d'exposer ainsi l'histoire précoce de l'agressivité était selon lui "vouée à l'échec car elle ne s'était pas attachée à l'effet du maternage". Il soutenait que le bébé "devient capable d'une expérience sadique-orale quand il éprouve un amour primitif dans lequel les pulsions motrices s'unissent aux satisfactions érogènes. Il peut ainsi se développer un système disponible pour la projection. Une mère suffisamment bonne va à la rencontre de cette projection", et dans cette situation pas de "place pour l'envie". Il précise aussi que dans le cas d'un maternage instable, le bébé "qui a la notion d'un bon sein mais ne l'obtient pas, peut dans ce cas, envier le bon sein qui lui apparaît alors comme un persécuteur. En ces circonstances, l'agressivité qui apparaît-là "contre le bon objet est réactionnelle". V. Winnicott va faire un pas de plus dans le passage de la capacité de sollicitude vers l'utilisation de l'objet Dans son texte: "L'utilisation de l'objet et le mode de relation à l'objet au travers des identifications." (16), il va plus maintenant utiliser l'expression position dépressive de M. Klein. Pour illustrer cet autre passage (de la sollicitude à l'utilisation à l'objet) Winnicott propose une double image du bébé au sein : 1) le bébé qui "se nourrit de soi puisque le bébé et le sein ne sont pas encore des phénomènes séparés". 2) le bébé qui se nourrit à une source autre-que-moi. "Certaines mères peuvent, d'autres ne peuvent pas faire passer le bébé de la simple relation à l'utilisation". Winnicott avance que "pour utiliser un objet, le sujet doit avoir développé une capacité d'utiliser les objets, en précisant que "le développement de cette capacité ne peut se faire sans un environnement le facilitant". Il avait parlé jusque là de l'importance de la survie de l'objet attaqué. En parlant de la sollicitude il était resté assez proche de M.Klein qui soutenait que "par la réparation, le bébé restaurait l'objet détruit", l'objet demeurant toujours pour elle " un faisceau de projections ". Si l'objet, pour Winnicott, doit être utilisé, il doit être réel pour faire partie de la réalité partagée. Il n'est plus simplement alors un "faisceau de projections". C'est ce qui contribue pour lui, à créer la différence "entre le mode de relation et l'utilisation de l'objet". Winnicott continuait lui aussi à accorder une grande importance à la sollicitude comme source du sentiment de culpabilité mais il ne lui accordait plus aucun rôle dans la survie de l'objet. "L'objet n'était plus reconstitué par la réparation du sujet qui l'avait détruit, mais il était au contraire constitué par sa propre survie. C'est l'objet n'arrivant pas à survivre qui est du côté de la destruction effective", en précisant que le mot destruction était nécessaire, "non en raison de l'impulsion destructive du bébé, mais de la propension de l'objet à ne pas survivre". Pour le patient en analyse, le développement de sa capacité à agresser l'objet-mère-analyste, et l'aptitude de l'analyste à accueillir ces attaques, constituait dorénavant pour Winnicott l'essentiel de ce qui permettait l'élaboration de la position dépressive. Cela donnait l'accès au sujet, à une vie réelle, et en contact avec des objets réels. " Ces objets pouvant être détruits ou aimés. Détruits parce qu'aimés et aimés parce que destructibles, sans être réellement détruits" (17). Pour le sujet, le plus difficile à réparer de toutes les failles de la prime enfance est d'arriver à "mettre l'objet hors de son contrôle omnipotent. Lorsqu'il y parvient, l'objet devient un phénomène extérieur et non plus une entité projective. C'est une entrée dans le monde de la réalité, partagée, avec d'autres sujets réels. Pour arriver à cette étape le sujet doit accepter la destruction à l'œuvre dans son fantasme inconscient ". Winnicott ajoute que "si ce passage se fait en cours d'analyse, c'est à l'analyste de survivre aux attaques du patient. Sans cette expérience de la destruction maximale, le sujet ne place jamais l'analyste en dehors. Il ne fait alors qu'une sorte d'auto-analyse, en utilisant l'analyste comme une partie du self, comme le bébé qui se nourrit de lui-même". Ce n'est pas l'impulsion destructive qui est la cause de la destruction, "mais l'objet lui-même dans son incapacité à survivre"[…]"dans ce contexte survivre signifie, ne pas appliquer de représailles". Il y avait dans sa thèse une nouvelle formulation des racines de l'agressivité vis à vis de la théorie orthodoxe, dans laquelle "l'agressivité est réactionnelle à la rencontre avec le principe de réalité". Pour lui, c'est la "pulsion destructrice qui crée la qualité d'extériorité". Pas de sensations d'extérieur sans pulsions destructrices. Pour Winnicott, utiliser n'est pas exploiter : "En tant qu'analyste nous savons ce que c'est d'être utilisés. Cela signifie que nous pouvons envisager la fin d'un traitement". Si certains patients peuvent utiliser [des objets ou] l'analyste, tout comme ils ont utilisé leurs parents leurs frères leurs sœurs etc., "beaucoup d'autres patients [ont] besoin que leur analyste soit apte à leur donner la capacité de l'utiliser. Pour aller à la rencontre de leurs besoins, il était donc nécessaire à l'analyste d'être au fait de la survivance à la destructivité, sinon cela se traduisait par des analyses interminables". Jean-Pierre Lehmann cite à ce propos, une illustration clinique de Winnicott. C'est un homme d'une cinquantaine d'années qui, pour sa tranquillité, protégeait toujours sa mère. Il n'avait pas encore conscience que sa mère pouvait survivre à l'un de ses actes impulsifs. Elle était un personnage fort alors que son père était plutôt faible. Il avait manqué d'un père fort, qui lui fasse obstacle. Aussi avait-t-il précocement auto-contrôlé ses impulsions et était devenu totalement inhibé, dépourvu de toute agressivité, laissant en friche ses riches potentialités de créativité. A travers son l'élaboration de la position dépressive, Winnicott dégage aussi la position de l'analyste qui accompagne un patient, ayant subi dans sa prime enfance, des défaillances de maternage. " Dans ce type d'analyse, l'analyste est amené à survivre aux attaques agressives et à se laisser utiliser pour que le patient puisse retrouver pleinement la spontanéité de son agressivité créatrice première, et la pleine liberté d'aimer et de haïr " (18). Par son cheminement, D. W. Winnicott nous amène à mieux dégager aussi la question de la haine de celle de l'agressivité dans le développement affectif et, à en concevoir son antidote avec l'utilisation de l'objet. catherine podguszer intervention pour le groupe de travail "Des racines de l'agressivité à la haine" novembre 2004
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