Fantomixette était immortelle mais elle n'était pas pour autant sans esprit, sans âme, sans sentiments. D'ailleurs, elle s'en sentait souvent ridicule, mais elle ressentait une profonde compassion pour le monde, oui, le monde, le monde entier, tous ses habitants galactiques, inter, intra et extra galactiques, tous autant qu'ils étaient lui inspiraient une profonde pitié…
Seulement voilà, que pouvait-elle faire pour les sauver ? Elle avait été nommée Force Sustentatrice de l'Elément Vide, ce qui est un bien joli titre pour une bien petite chose… En fait, Fantomixette était chargée de la cohérence de l'Univers. En incarnant le Vide, elle assurait la cohésion et l'équilibre de monde, sans elle les Zones retourneraient au Chaos. Mais elle ne faisait rien, jamais rien, elle ne faisait qu'observer, les yeux pleins de larmes, les guerres stupides et les rixes ridicules auxquelles se livraient les êtres vivant, morts, immortels et autres en tous points de l'univers. Ce qui n'était pas franchement une activité très constructive… Fantomixette avait pensé souvent à mettre fin à ses jours, elle avait même avalé deux cents boîtes de barbituriques, pensant qu'elle ne méritait rien de plus que de se suicider de la manière la plus cliché possible. Mais cette cruche avait fini par comprendre qu'elle était immortelle. Et puis, de toute façon, maintenant qu'elle incarnait le Vide, elle ne pouvait plus rien faire.
Après mûre réflexion, elle décida de tout lâcher et de renvoyer les Zones au Chaos, parce qu'elle en avait sa claque de maintenir en place un univers ou évoluaient des individus stupides et totalement dénués d'intérêt…
Elle desserra lentement son étreinte, timidement au début, puis elle gagna de l'assurance… Ce fut le Milieu qui lui échappa en premier, l'eau et le feu sortirent, fusant, virevoltant, et se précipitèrent dehors où ils s'emmêlèrent les pinceaux avec le Dessous, la Terre et cette idiote de Neyra qui n'arrivait plus à la maîtriser, la Terre venait de sortir, bientôt suivie par le Dessus qui souffla en tempête une bordée de jurons incompréhensibles, l'Air n'avait jamais été très poli…
Puis ce fut le tour des corps, ils s'extirpèrent, totalement nus, prétextant que le vent avait arraché leurs vêtements, ce qui était parfaitement faux, en fait les corps adoraient simplement se trimbaler à poil, ce qui exaspérait souverainement Fantomixette…
Et les corps se changèrent en pluie et tombèrent sur le Milieu. Le monde changea de face pour revêtir son manteau couleur nuit. La vie n'était plus. Et le monde, privé de Vie, se préparait à recouvrer son équilibre millénaire, celui du Chaos. Fantomixette n'était plus, et les Eléments ne trouvaient leur cohérence que par la Volonté, la Volonté originelle, la première substance qui leur avait été donnée, le premier pas vers l'équilibre… Et les vivants oublièrent les morts. Un mort qu'on oublie n'est plus rien, les morts tombèrent. Les vivants montèrent, tentant tant bien que mal de forniquer, mais leurs formes s'estompaient, leurs contours disparaissaient… L'Eau, qui aime avoir le dernier mot, continuait de chahuter mais le verdict était tombé, le retour au Chaos imminent. Quelques minutes plus tard, la Volonté finissait de mixer nature avec ordure, mort avec vivant, quand un détail attira son attention. Il n'y avait plus rien, l'univers n'était plus, la vie n'était plus, la mort non plus, plus rien n'existait, nulle part, le vide total… A part un p’tit mec en string rose fuchsia. Le string dégageait quelque chose, quelque chose de fort, la Volonté le sentit, elle décida de laisser sa chance à ce p’tit mec, lui offrit un chien et lui créa une bulle dans laquelle il pourrait se mouvoir. Puis Elle partit. Seul dans sa bulle au milieu de rien, le p’tit mec s'éveilla, regarda le chien et dit : « …